Chronique de Pâques

Croire en la résurrection ou croire que le Christ est ressuscité         

            ‘Si Christ n’est pas ressuscité, notre foi est sans contenu’. (…)’Votre foi est sans valeur : vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés’ dit St Paul en 1 Co 15, 14.17. Or, nous avons beaucoup de mal à croire en la résurrection c’est à dire à croire que le Christ soit réellement victorieux du mal et de la mort qu’il entraine. Tant de faits prouvent le contraire à commencer par l’état (la situation) inquiétant de notre monde et la perspective de la mort qui nous est commune. Depuis, la résurrection du Christ, nous demeurons des êtres mortels, marqués par le mal et le péché.

            Nous ne sommes ni les premiers, ni les seuls à vivre cette difficulté. Les Évangiles ne la masquent pas. L’Évangile du samedi de Pâques témoigne du refus de croire des disciples (cf Mc 16, 9-15). Ils ne croient pas le témoignage de Marie-Madeleine : il faut dire que c’est une femme et nous sommes dans une société très masculine et d’autre part elle est connue comme pécheresse. Ils ne croient pas non plus le témoignage des disciples qui reviennent d’Emmaüs : ils sont des hommes mais ils ont quitté les Apôtres. Thomas lui-même n’accueille pas le témoignage des autres apôtres (cf Jn 20, 25). La résurrection du Christ dépasse tellement notre intelligence et notre expérience !

            Comment surmonter cette difficulté ? Quand Jésus rejoint les disciples sur le chemin d’Emmaüs, il leur explique les Écritures et leur cœur devient tout brûlant (cf Lc 24, 32). L’acclamation de l’alleluia qui jaillit de la veillée pascale s’enracine dans l’accueil des merveilles de Dieu dont témoignent les Écritures. Le récit de la création, ponctué du refrain : et Dieu vit que cela était bon. Le récit de la libération des hébreux de l’esclavage d’Égypte. Cette libération se termine par l’adoration de Dieu sur la montagne et le don de la Loi. Cette libération est autant celle de chaînes physiques que celle de l’idolâtrie. Les prophètes rappellent ces événements et la fidélité de Dieu à sa promesse.  Saint Jean écrit que l’Évangile est un témoignage afin que nous croyons et ayons la vie en Dieu (cf Jn 20, 31).

            Écouter les Écritures et nous laisser envoyer en mission. Le Christ attend que ses apôtres soient prêts pour les envoyer en mission, les envoyer témoigner de sa résurrection. Il est de fait le premier missionnaire et il les accompagne dans cette mission (Je serai avec vous jusqu’à la fin du monde : Mt 28, 20). Pour cela il leur donne la paix autrement dit le pardon. Jésus leur pardonne leur reniement, leur trahison. Il leur donne un avenir et les ouvre à l’espérance. D’autre part, il leur envoie l’Esprit qui les ouvrira à l’intelligence des Écritures et leur donnera l’assurance et la force de témoigner malgré les oppositions et les persécutions.

            A la suite des apôtres, écoutons les Écritures et accueillons l’Esprit de Pentecôte qui, peu à peu souvent, fait de nous des hommes et des femmes nouveaux, des témoins habités par la joie de croire.

            ‘Dieu d’éternelle miséricorde, chaque année, par les célébrations pascales, tu ranimes la foi du peuple qui t’est consacré : fais grandir le don de ta grâce, afin que tous comprennent vraiment quel baptême les a purifiés, quel Esprit les a fait renaître, et quel sang les a rachetés.’ – Prière d’ouverture 2e dimanche de Pâques –

Père Bruno Mary, recteur de la cathédrale